En quelques décennies, Internet est devenu essentiel à la majorité de l'humanité ; son nombre d'utilisatrices et d'utilisateurs est aujourd'hui supérieur à 5 milliards.
Internet et le numérique ("le digital") sont une chance pour l'évolution de la société humaine mais ils sont aussi les agents d'effets négatifs qui pèsent sur celle-ci.
En août 2011, le pionnier du Web et homme d'affaires Marc Andreessen publiait dans le Wall Street Journal un article dont le titre est resté célèbre : "Pourquoi le logiciel dévore le monde". Accompagnée de la forte croyance du dépassement permanent des limites, cette prédation produit des conséquences qui sont de plus en plus importantes.
Le numérique remplace une matérialité par une autre : celles des câbles sous-marins, des satellites de télécommunications, des centres serveurs, des ordinateurs, des écrans, des smartphones et des dispositifs. Cette nouvelle matérialité, qui s'appuie sur l’électricité, présente un coût environnemental qui participe à l’épuisement des ressources terrestres, au dérèglement climatique et au déclin de la biodiversité planétaire.
Portée par les flux numériques, la circulation massive et rapide des informations a aussi des effets négatifs sur les humains : infobésité, diminution de l'attention, propagation amplifiée des fausses informations, tensions exacerbées, stress, manque de sommeil...
"Si le numérique est à l’humanité actuelle ce que le feu était à nos ancêtres, alors nous devons absolument prendre conscience que nous sommes en train de nous brûler !"
Frédéric Bordage in "La sobriété numérique - Les clés pour agir"- (Editions Buchet-Chastel - septembre 2019)
En connaissance de cause, devons-nous continuer de participer à l'accélération technologique sans tenir compte des effets négatifs qui s'accumulent ? Ou, au contraire, nous faut-il plutôt ralentir pour bifurquer ?
"Que la technologie elle-même détermine ce qui doit être fait par un processus d’extrapolation et que les individus soient impuissants à intervenir dans cette détermination est précisément le genre de rêve auto-réalisateur dont nous devons nous réveiller."
Joseph Weizenbaum in "On the Impact of the Computer on Society" -1972- (Science, New Series, 176/4035)
Le numérique est trop souvent vu comme un grand tout qui irait inévitablement dans une seule direction. Cette vision bloque la possibilité de choisir d'autres routes. Passer du singulier au pluriel change déjà notre façon de voir.
Depuis plusieurs années, je chemine à la recherche d'autres numériques. Dans mes explorations, je m'intéresse particulièrement :
Je diffuse une partie de cette veille dans l'infolettre muzeodrome, dans des conférences/interventions et des articles. Ainsi en 2021, j’ai été invité par La lettre de l’Ocim à donner mon point de vue sur la place des numériques dans les institutions muséales :
"De sérieuses distances doivent être prises avec les géants du web qui imposent leurs plateformes, leurs algorithmes, leurs modèles et leurs calendriers pour satisfaire leurs énormes appétits économiques. Loin des compétitions sur le temps court qui favorisent la captation d'information couplée au détournement de l'attention, d'autres chemins peuvent être expérimentés.”
“Ouvrir d’autres numériques” (La lettre de l’Ocim n°194 - mars-avril 2021)
L'objectif de mes recherches sur les autres numériques est d'identifier leurs apports pour ensuite s'en inspirer pour concevoir du concret propre à chaque organisation culturelle qui me consulte (idées, technologies, projets, processus, stratégies...).
Si vous êtes sensible à ma démarche, parlons ensemble de vos actions à mener pour aller plus loin…